Aux confins de la littérature et de l’art contemporain, une rencontre rare s’expose à Aubenas : celle de Louis-Ferdinand Céline et de Robert Combas. Autour du manuscrit retrouvé de Guerre : ce texte brut, inachevé, qui condense dans sa langue heurtée l’expérience traumatique de 14-18. Les Éditions du Bourdaric ont(…)
Aux confins de la littérature et de l’art contemporain, une rencontre rare s’expose à Aubenas : celle de Louis-Ferdinand Céline et de Robert Combas. Autour du manuscrit retrouvé de Guerre : ce texte brut, inachevé, qui condense dans sa langue heurtée l’expérience traumatique de 14-18. Les Éditions du Bourdaric ont initié une entreprise singulière : un triptyque de livres d’artiste, où l’univers célinien dialogue avec la puissance graphique de Combas.
Combas, figure emblématique de la Figuration libre, ne cherche pas à « illustrer » Céline. Ses gravures , chacune tirée à part et signée sur vélin d’Arches, fonctionnent comme des contrepoints plastiques, des éclats nerveux qui font surgir un autre récit, parallèle et autonome. Là où Céline scande, hache, martèle la langue, Combas trace, déborde, sature l’espace. Le manuscrit, avec ses blancs, ses manques, ses crochets, trouve dans ces images une réponse énergique : l’excès du trait répond au fragment de l’écriture.
On pourrait y voir un paradoxe : marier l’un des écrivains les plus sombres du XXe siècle à l’artiste qui, depuis les années 1980, fait de la couleur et de l’ironie un langage vital. Mais c’est justement de cette tension que naît la force de ce livre d’artiste. Guerre n’est plus seulement un texte exhumé de l’histoire littéraire ; il devient matière à confrontation, espace où se rejoue, dans le champ esthétique, la violence du monde et la tentative désespérée de lui opposer l’art comme intensité.
Cette exposition, en présentant les gravures originales de Robert Combas, rend visible ce dialogue. Elle invite à entrer dans une double mémoire : celle de la guerre selon Céline, et celle d’un peintre contemporain qui, par son geste libre, ose répondre à la nuit des mots par l’exubérance des formes.
Entrée libre.